Les Français sont nuls en Internet. Cela se mesure très simplement : Combien de noms de domaine en France ? 7 millions. L’Allemagne compte de son côté quelque 25 millions de sites. Outre-Rhin, pas moins de 15 millions de sites ont été créés en .de, pour 2,5 millions en .fr, dans l’Hexagone.
La présence française sur le Web est ridicule. Et les choses ne semblent pas devoir s’arranger. Petit retour en arrière : le Web compte aujourd’hui quelque 260 millions de noms de domaine et ce nombre continue à croître de 8% par an. Le cyberespace est au bord de la saturation, les .com et .org, gérés par l’américain Verisign, ont été distribués en dépit du bon sens et commencent à se faire très rares. Alors, en juin 2011, les responsables de l’ICANN, l’organe international chargé de contrôler les noms de domaines sur la Toile, ont ratifié un accord permettant aux marques, villes ou pays d’utiliser leur propre nom comme extension dans l’adresse. La capitale allemande est la première ville au monde à posséder son extension de nom de domaine. Lancé en mars dernier, le .Berlin compte aujourd’hui plus de 50 000 noms de domaines – particuliers, commerçants, institutions... A Paris, on assure que l’extension devrait être rendue disponible dans les prochains mois...
Les marques s’y sont mises elles aussi. C’est pour elles l’occasion de reprendre la main face à Google : plus besoin d’utiliser les services du géant du Web et l’achat de mots clé pour se faire repérer – sans surprise, le moteur de recherche référence d’ailleurs très mal ces nouvelles extensions... De BMW à l’indien Tata, tous les constructeurs automobiles possèdent ainsi désormais leur propre extension – tous sauf les français. Une poignée de nos champions nationaux sont aujourd’hui présents sur le Web sous leur nom, à l’instar d’Axa, depuis quelques semaines.
Entre temps, l’Icann a ouvert les vannes et les noms communs ou abréviations peuvent également faire l’objet d’extensions. Et c’est là que l’histoire devient intéressante, éclairante même. Une trentaine de sociétés ont été créées dans le monde pour gérer ces développements, dont sept en Europe. En France, Godefroy Jordan, un vétéran de l’Internet (il a notamment développé les activités numériques de Spir Communication, filiale de Ouest-France), a fondé Starting Dot, il y a trois ans.
Il suffit de parler dix minutes avec ce volubile entrepreneur pour comprendre que la France est à nouveau mal barrée sur ce dossier. En activant ses réseaux, il a péniblement levé 2 millions d’euros pour financer son projet. Dans le même temps, son rival anglais TLDH a réuni 20 millions d’euros tandis que l’Américain Donuts dispose d’un pactole de 200 millions de dollars et prépare son entrée en bourse après avoir lancé plus de 200 extensions.
La start-up française a dépensé 800 000 euros au total pour décrocher trois extensions au niveau mondial : .archi, .ski et .bio. Il se bat comme un beau diable pour obtenir le .immo. Et son business model est d’une grande simplicité : vendre un maximum de noms de domaine – au prix de 50 euros par an – et de services associés, pour arriver à un chiffre d’affaires de 10 millions d’ici deux ans. Avec huit collaborateurs et quasiment sans soutien, Starting Dot doit également affronter les mastodontes du Web, Google et Amazon, qui se battent à coup de millions pour obtenir les extensions culturelles : music, book, app, blog...
Pour plus d’information sur les nouvelles extensions, rendez-vous sur domaine.fr.
Source: par Gilles Fontaine, rédacteur en chef délégué de Challenges.
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