Le sort en est jeté. L’Icann, l’organisation qui gère le système des noms de domaine au niveau mondial, a enfin annoncé une date à laquelle les entreprises, villes et régions pourront introduire une demande de suffixe internet propre. Selon toute vraisemblance, le coup d’envoi sera donné le 30 mai 2011.
La version finale du fameux ‘applicant guidebook’ (le document intégrant les règles du processus de demande) serait approuvé en décembre lors de la réunion de l’Icann organisée dans la ville colombienne de Cartagena. Au terme d’une campagne de communication mondiale de quatre mois, les demandes pour des suffixes internet pourront être introduites fin mai prochain.
Attention toutefois : l’obtention d’un ‘îlot séparé’ sur le net ne sera pas possible pour tout le monde. Les coûts de sollicitation - qui devront être versés à l’Icann - atteindront en effet pas moins de 150.000 euros. Si la demande est approuvée, il faudra encore s’acquitter d’une indemnisation annuelle de 20.000 euros. Les opérateurs qui vendront plus de 50.000 noms de domaine, devront en outre payer 20 cents par an par nom au-delà des cinquante mille.
Pour l’assistance de consultants et d’avocats dans le processus d’application, il faudra prévoir entre 20.000 et 40.000 euros. Les coûts mensuels de gestion d’un TLD oscilleront pour leur part entre 8.000 et 24.000 euros.
En outre, les candidats devront entre autres pouvoir donner toute une série de détails techniques sur leur manière de gérer leur ‘registry’. Ils devront avoir à leur disposition 10 serveurs de noms au moins et devront démontrer leur capacité à assurer le support de leur TLD à long terme.
Dans un souci d’exhaustivité, il convient d’indiquer également que nombre de spécialistes prévoient que la version finale du guidebook ne sera approuvée qu’au cours de la réunion de l’Icann à San Francisco, en mars 2011. Il en résulterait que la séance des enchères ne pourrait s’ouvrir qu’en automne de l’année prochaine. En d’autres mots, les connaisseurs estiment que la date avancée du 30 mai n’est certainement pas encore la date finale.
.vla
L’un des acteurs belges intéressé par une extension internet propre, c’est le gouvernement flamand. L’an dernier encore, en collaboration avec le cabinet de consultance Deloitte, un questionnaire avait été mis en ligne, pour permettre à tous les intéressés d’émettre leur avis à propos de .vla.
Ce questionnaire faisait partie d’une étude de faisabilité plus vaste quant à une extension internet pour la Flandre. Avant d’introduire la moindre demande auprès de l’Icann, le cabinet du Ministre Président Kris Peeters (CD&V) souhaitait en effet savoir dans quelle mesure un TLD pourrait offrir réellement une valeur ajoutée à la Flandre.
Comme le nombre de réactions au questionnaire était relativement faible (quelque 400 réponses) et comme la région Flandre en tant que telle ne représente pas encore grand-chose au niveau international, le projet a fait l’objet de pas mal de remarques. Mais comme que la situation se présente aujourd’hui, le gouvernement flamand dispose encore de six mois pour finaliser son dossier.
“Ce n’est pas beaucoup”, déclare Hans Seeuws du spécialiste louvaniste des noms de domaine Sensirius. “Dans notre pays, les entreprises, villes et régions restent encore trop longtemps sur la touche. Néanmoins, un repêchage sera possible au plus tôt dans quelques années.”
Selon de récentes estimations, quelque 500 candidats se présenteraient dans un premier temps. Canon entre autres vise un .canon, Londres un .london, et diverses associations sont candidates pour .green et .gay notamment.
Dans notre pays, la ville de Gand a déjà montré un intérêt concret dans une extension internet propre, alors que le géant brassicole AB Inbev serait en train d’étudier les possibilités. Il est d’ores et déjà certain que l’arrivée des nouveaux suffixes internet va modifier en profondeur le visage de l’industrie des noms de domaine, mais aussi celui de l’internet tout court.
Source : Frederik Tibau pour Datanews