Pour sa première visite en France et à Paris en tant que CEO de l’ICANN, Fadi Chehadé a choisi de venir à la rencontre de la communauté française des noms de domaine. Proposée par l’Afnic ( acteur clé du nommage français) et en présence de son Directeur général Mathieu Weill et de Sébastien Bachollet, membre du comité de direction de l’ICANN et à l’initiative de cette rencontre, cette après-midi a réuni une quarantaine de participants. Durant près de trois heures, Fadi Chehadé a pu échanger avec des acteurs importants du secteur Internet français (Bureaux d’enregistrements, fournisseurs d’accès, juristes spécialisés), ainsi qu’avec des représentants des pouvoirs publics.
Objectif de cette rencontre
En résumé cette rencontre aura en outre permis au CEO de l’ICANN :
- d’annoncer la réorganisation des fonctions opérationnelles de l’ICANN en 3 hubs, implantés à Los Angeles, Singapour et Istanbul ;
- de confirmer que les nouvelles extensions - telles le .bzh ou le .paris dont l’Afnic est opérateur technique - devraient être lancées à partir de mi-2013 ;
- d’indiquer sa vision de la gouvernance de l’Internet, pour laquelle il envisage une évolution du rôle du gouvernement américain ;
- d’appeler la France à prendre, en tant qu’amie des États-Unis, toute sa place dans cette évolution...
L’Icann au cœur des conflits
Cette rencontre fut l’occasion pour le président de l’autorité mondiale de régulation implantée en Californie, Fadi Chehadé, de présenter la nouvelle feuille de route concernant les nouvelles extensions des noms de domaines et d’évoquer les problèmes qui s’en suivent. En ce qui concerne la gestion des demandes multiples pour les mêmes extensions, la réponse reste assez floue. Certaines extensions seront soumises à une médiation et, en cas d’échec de cette médiation, à une mise aux enchères. D’autres extensions beaucoup plus génériques telles que .blog ou .music revendiquées par des sociétés privées telles que Google ou Amazon seront soumises à l’approbation de la communauté. Rappelons que le site de l’Icann recense déjà 230 cas de conflits ainsi que deux cas de confusion visuelle possible : .hotels et .hoteis, .unicorn et .unicom.
Fadi Chehadé s’est longtemps attardé sur le rôle de l’Icann dans la gouvernance de l’internet. Il a insisté sur son devoir primordial de protection des marques, avec notamment la mise en place d’une chambre de compensation, la "Trademark Clearing House", une base de données et des services d’authentification et de validation de marques. Des services qui seront facturés 150 dollars par an.
Mais avec l’arrivée des nouvelles extensions, c’est le risque de voir des pays comme la Chine jouer un double jeu, avoir son internet interne – un intranet –, tout en étant connecté à un internet mondial filtré et censuré. Le risque, c’est de voir l’internet se morceler, devenir un ensemble d’intranets. Et Fadi Chehadé ne veut pas qu’un jour « ses enfants lui reprochent de leur avoir légué un internet dans cet état ».
L’Icann semble avoir pris conscience qu’elle doit changer, se détacher de ses racines américaines, devenir une société qui représente le monde, qu’elle a une responsabilité énorme devant elle. Une première étape de changement passe par l’ouverture de trois centres : l’actuel en Amérique, un centre à Singapour pour l’Asie et l’Océanie, et un centre à Istanbul pour l’Europe, le Moyen Orient et l’Afrique.
Pour la gouvernance de l’internet, l’Icann souhaiterait à terme collaborer avec les gouvernements, le monde informatique, les académies, la société civile, les sociétés privées. C’est le discours que son président tiendra à l’Unesco.
Source: Afnic.fr
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